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CHENOUMI a écrit - http://www.proz.com/glossary/486548
Après tout, comme l'a écrit le poète Victor Hugo : « Le traducteur est un éternel peseur de mots et d'acceptions...»
Puisqu'elle me tend la perche, voici le passage en entier :
« Les traducteurs ont une fonction de civilisation. Ils sont des ponts entre les peuples. Ils transvasent l'esprit humain d... See more CHENOUMI a écrit - http://www.proz.com/glossary/486548
Après tout, comme l'a écrit le poète Victor Hugo : « Le traducteur est un éternel peseur de mots et d'acceptions...»
Puisqu'elle me tend la perche, voici le passage en entier :
« Les traducteurs ont une fonction de civilisation. Ils sont des ponts entre les peuples. Ils transvasent l'esprit humain de l'un chez l'autre. Ils servent au passage des idées.
C'est par eux que le génie d'une nation fait visite au génie d'une autre nation. Confrontations fécondantes. Les croisements ne sont pas moins nécessaires pour la pensée que pour le sang.
Autre fonction des traducteurs : ils superposent les idiomes les uns aux autres, et quelquefois, par l'effort qu'ils font pour amener et allonger le sens des mots à des acceptions étrangères, ils augmentent l'élasticité de la langue. A la condition de ne point aller jusqu'à la déchirure, cette traction sur l'idiome le développe et l'agrandit.
L'esprit humain est plus grand que tous les idiomes. Les langues n'en expriment pas toutes la même quantité. Chacune puise dans cette mer selon sa capacité. Il est dans toutes plus ou moins pur, plus ou moins trouble.
Les patois puisent avec leur cruche. Les grands écrivains sont ceux qui rapportent le plus de cet infini.
(...)
Où un idiome s'arrête, l'autre continue. Ce que l'un dit, l'autre le manque. Au delà de tous les idiomes, on aperçoit l'inexprimé, et au delà de l'inexprimé, l'inexprimable.
Le traducteur est un peseur perpétuel d'acceptions et d'équivalents. (*) Pas de balance plus délicate que celle où l'on met en équilibre les synonymes.
(...)
Les idiomes sont un effort.
Ceci explique la difficulté considérable des traductions.
(...)
Aux difficultés intérieures, ajoutez les difficultés extérieures ; aux obstacles qui sont dans la langue, aux obstacles qui sont dans l'écrivain, ajoutez les complications qui sont autour du traducteur, ajoutez les préjugés du moment, les antipathies nationales, les maladies inoculées par les rhétoriques, les scrupules, les effarouchements, les pudeurs bêtes, les résistances du petit goût local au grand goût éternel.
(...)
Les grands écrivains font l'enrichissement des langues, les bons traducteurs en retardent l'appauvrissement. »
Et d'ajouter : « ...il vient un jour où le traducteur définitif paraît. »
Victor Hugo, in William Shakespeare, chapitre « Les Traducteurs »
(*) Ce passage évoque irrésistiblement un autre morceau d'anthologie, extrait du merveilleux livre de Valery Larbaud, Sous l'invocation de Saint Jérôme, chapitre intitulé « Les Balances du Traducteur » :
« Chacun de nous a près de soi, sur sa table ou son bureau, un jeu d'invisibles, d'intellectuelles balances aux plateaux d'argent, au fléau d'or, à l'arbre de platine, à l'aiguille de diamant, capables de marquer des écarts de fractions de milligrammes, capables de peser les impondérables !
Auprès de ces Balances, les autres instruments de notre travail, matériels et visibles, - Dictionnaires, Lexiques, Grammaires, - encore que nous les tenions constamment en usage, ne sont que des accessoires, - simples dépôts de matériaux en ordre, boîtes de mots rangés à leur place alphabétique et numérotés selon leur sens et leurs nuances : boîtes de pastels. L’essentiel est la Balance où nous pesons ces mots, car tout le travail de la Traduction est une pesée de mots. »
(…)
Alors, « sous sa petite baguette magique, faite d'une matière noire et brillante engainée d'argent, ce qui n'était qu'une triste et grise matière imprimée, illisible, imprononçable, dépourvue de toute signification pour (le non initié), devient une parole vivante, une pensée articulée, un nouveau texte tout chargé du sens et de l'intuition qui demeuraient si profondément cachés… »
Ciao, Jean-Marie
[Edited at 2003-07-25 05:39] ▲ Collapse | | | Traducteurs élastiques qui balancent | Jul 25, 2003 |
Merci Jean-Marie pour ces magnifiques passages.
Pour Hugo, le traducteur est "historien autant que philologue, philosophe autant que grammairien, esprit autant qu'intelligence."
Autre avis intéressant de Hugo qui rejoint certains avis sur l'emploi ou non de néologismes ou de mots étrangers :
"Ce paysage linguistique fait jouer de manière complexe la condition originelle et babélienne des mots (posséder des "frontières") avec la nécess... See more Merci Jean-Marie pour ces magnifiques passages.
Pour Hugo, le traducteur est "historien autant que philologue, philosophe autant que grammairien, esprit autant qu'intelligence."
Autre avis intéressant de Hugo qui rejoint certains avis sur l'emploi ou non de néologismes ou de mots étrangers :
"Ce paysage linguistique fait jouer de manière complexe la condition originelle et babélienne des mots (posséder des "frontières") avec la nécessité, toujours exprimée par des métaphores spatiales, de remettre en cause ces frontières, de les assouplir, de les franchir. Sur ce terrain, poètes et traducteurs se rencontrent. Traduire Shakespeare relève d'une démarche mimétique ; le traducteur, écho ou miroir, répercute le travail du "poète". De même que les grands écrivains "sont les enrichisseurs des langues", les traducteurs "augmentent l'élasticité de la langue", forment "des ponts entre les peuples." On peut comprendre pourquoi Hugo préfère la métaphore au néologisme : pour lui, les langues s'enrichissent moins par invention que par métaphore, c'est-à-dire par le déplacement des frontières sémantiques et des contextes d'emploi d'un terme. Dans la métaphore, ce n'est pas le mot qui est nouveau, mais son surgissement, son "emplacement". Lorsque Hugo écrit dans [Les Traducteurs] : " Les écrivains créent des mots, la foule sécrète des locutions", il développe l'idée en ces termes : "Homère et la Halle font assaut de métaphores."
Salut
Jean-Luc
[Edited at 2003-07-25 18:48] ▲ Collapse | | |
à victorhugo (et à Victor Hugo:-) pour les très beaux extraits, pour nous les avoir rappelés.
Et félicitations pour votre Haiku...j'étais juste de passage, (seulement l'idée de) la bouteille de saké dans la tête)), mais après l'avoir lu...je ne me donne plus de chance. Vraiment très bien!
salut
daniela | | |
Ce qui me frappe énormément, en lisant ces lignes, c'est le contraste entre la haute idée qui se dégage de la traduction et des traducteurs et notre réalité au quotidien.
On pourrait me rétorquer que ces mots ont été écrits à une autre époque, davantage en référence à la traduction littéraire qu'à la traduction technique, mais j'écarte l'objection en disant que toutes les affirmations qui y sont faites s'appliquent aussi à nous, aujourd'hui, avec ou sans nuances.<... See more Ce qui me frappe énormément, en lisant ces lignes, c'est le contraste entre la haute idée qui se dégage de la traduction et des traducteurs et notre réalité au quotidien.
On pourrait me rétorquer que ces mots ont été écrits à une autre époque, davantage en référence à la traduction littéraire qu'à la traduction technique, mais j'écarte l'objection en disant que toutes les affirmations qui y sont faites s'appliquent aussi à nous, aujourd'hui, avec ou sans nuances.
Lors d'un séminaire sur la gestion des projets de localisation auquel j'ai récemment participé, le formateur a projeté un simple graphique qui m'a fait beaucoup réfléchir : on y voyait un triangle équilatéral, avec aux trois côtés les légendes - DÉLAIS - COÛTS - QUALITÉ - et au centre le terme RESSOURCES.
J'étais carrément hypnotisé par ce triangle, en m'imaginant que le traducteur (Charlot pris dans ses engrenages, puisqu'on parle de Temps modernes...) est la ressource emprisonnée entre des exigences totalement incompatibles, où les délais de remise de la traduction (c'est pour hier, comme on dit en italien) sont inversement proportionnels aux délais de paiement (à la fronde, et le plus tard possible), et où le niveau des coûts reconnus au traducteur (tarifs plus bas possibles) est inversement proportionnel au niveau de qualité requis (toujours être ultra-spécialisé et omni-polyvalent). La quadrature du triangle, en quelque sorte ! (Faut toujours que les traducteurs innovent...)
Je crois que c'est là une réalité que chacun de nous ne connaît que trop bien, ce qui n'empêche que nous aimons notre métier, que nous faisons le plus souvent par passion, si ce n'est par vocation, et en dépit de nombreux moments de découragements face à l'absurdité des conditions dans lesquelles on veut nous faire travailler.
Donc, pour en revenir aux textes de Hugo et de Larbaud, je me suis dit en lisant la réponse de Jean-Luc que chaque traductrice, chaque traducteur, doit avoir rangé dans quelque tiroir ou sur quelque étagère, des textes fondateurs, des textes qu'on aime lire et relire de temps en temps, juste histoire de se remotiver quand la déprime guette. C'est bien beau de travailler les nuits et les week-end pour boucler les trad qu'on nous envoie le vendredi après-midi pour le lundi matin (pendant que secrétaires et patrons ignares vont se dorer la pilule), mais on ne vit pas que de pain...
Tout ça pour dire, en conclusion, qu'il serait bon de partager avec les collègues les textes qui nous ont marqué et qui font que, malgré tout, on continue, encore et toujours, envers et contre tout, à aimer et faire notre métier.
Ciao, Jean-Marie
[Edited at 2003-07-26 13:37] ▲ Collapse | |
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René VINCHON (X) France German to French + ... Merci Jean-Marie | Jul 26, 2003 |
Merci Jean-Marie de donner pour une fois des points de vue un peu plus "nobles" sur notre profession. Tu fais honneur à ton pseudo! | | | Le triangle étouffant… | Jul 26, 2003 |
Concernant le propos de Jean-Marie, et demeurant dans un ordre un peu livresque…. C'est que, sans vouloir être pathétique, le métier et le travail du traducteur m'a toujours paru tout aussi malcompris (par les méconaisseurs) que celui d'un chef d'orchestre. Qu'est-ce qu'il fait à vrai dire celui-là, se demande-t-on dans la logique la plus commune (commune a beaucoup de monde!), pour laquelle ses mouvements des mains sont un peu insensés? Il dirige l'orchestre c'est tout!
En fait, ... See more Concernant le propos de Jean-Marie, et demeurant dans un ordre un peu livresque…. C'est que, sans vouloir être pathétique, le métier et le travail du traducteur m'a toujours paru tout aussi malcompris (par les méconaisseurs) que celui d'un chef d'orchestre. Qu'est-ce qu'il fait à vrai dire celui-là, se demande-t-on dans la logique la plus commune (commune a beaucoup de monde!), pour laquelle ses mouvements des mains sont un peu insensés? Il dirige l'orchestre c'est tout!
En fait, je dirais (en faisant bien sûr allusion à un passage que je chéris et que vous réconnaîtrez sans doute) que lui, il apprivoise la musique …Nous autres on a les mots. Quoi faire avec? Tout le monde les a, mais pour la plupart ils ne sont - comme le traducteur d'ailleurs - que des "ressources" à s'en servir selon la même logique commune, par l'intermédiaire des dictionnaires de plus en plus spécialisés. Combien entre les clients savent que les mots qui ne sont pas vraiment "apprivoisés" par un vrai traducteur…c'est la machine de traduction automatique, ou encore pire? Quand même, 'faut tenir bon
Ciao
daniela ▲ Collapse | | | cum grano salis | Jul 26, 2003 |
...et malgré tout ne pas prendre nous-mêmes trop au sérieux | | | J'ai un autre grain :-) | Jul 26, 2003 |
Bien d'accord avec Daniela. Le traducteur est parfois un jongleur de mots incompris et limité (quand il n'est pas poète/écrivain frustré ) car pris au piège dans le cercle vicieux de la quadrature du triangle : délais, coûts et qualité.
Et "cum grano salis".
Tu l'as dit bouffi(sse)
Faut, pas non plus,
Poéter plus haut que so... See more Bien d'accord avec Daniela. Le traducteur est parfois un jongleur de mots incompris et limité (quand il n'est pas poète/écrivain frustré ) car pris au piège dans le cercle vicieux de la quadrature du triangle : délais, coûts et qualité.
Et "cum grano salis".
Tu l'as dit bouffi(sse)
Faut, pas non plus,
Poéter plus haut que son...
Putaing, ça change du technique
L'ALBATROS
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
À peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Baudelaire
(Les fleurs du mal)
[Edited at 2003-07-26 21:29] ▲ Collapse | |
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Comme je viens de le dire, 'faut se méfier de tomber dans le pathétique, pas vrai?
salut
daniela | | | Guardare ma non toccare | Jul 26, 2003 |
Je ne cherchais pas à toucher, mais d'accord encore pas touche au pathos.
Mais ne nous sous-estimons pas non plus. Il y a déjà bien des agences et certains clients pour ça.
Et puis on ne peut pas vraiment toujours mettre dans le même sac : qualité et capacité de traduction, délais et tarifs, même si parfois ou souvent liés.
... See more | | | translator?! | Jul 26, 2003 |
Tout à fait d'accord. Mais la discussion ne devient-elle déjà vraiment trop sérieuse pour une soirée de samedi?! Pour m'amuser, et pour détendre l'atmosphère, je me rappelle toujours - à propos de la "mauvaise réputation" des traducteurs - une réplique donnée (avec un fort et bien pittoresque accent espagnol), à un confrère traducteur, qui était en train de développer sa propre agence, par son beau-père, vénérable monsieur bien rangé:`"Translator?! No, no, Mario! You have to f... See more Tout à fait d'accord. Mais la discussion ne devient-elle déjà vraiment trop sérieuse pour une soirée de samedi?! Pour m'amuser, et pour détendre l'atmosphère, je me rappelle toujours - à propos de la "mauvaise réputation" des traducteurs - une réplique donnée (avec un fort et bien pittoresque accent espagnol), à un confrère traducteur, qui était en train de développer sa propre agence, par son beau-père, vénérable monsieur bien rangé:`"Translator?! No, no, Mario! You have to find a regular job!"))))))))))) ▲ Collapse | | | Coïncidences ou... correspondances ? | Jul 27, 2003 |
De même que ce fil de discussion a commencé par une association d'idées (en partant des mots de CHENOUMI), le dialogue entre Daniela et Jean-Luc me ramène à deux des personnages qui ont le plus compté pour former ce que j'appelle mon sens de la poésie : Charles Baudelaire et Antoine de Saint-Exupéry. Or il se trouve que ce poème de Baudelaire, l’un des plus beaux de la langue française sur la condition du poète, m'a inspiré un sonnet, écrit en manière d’hommage à L’Albatros,... See more De même que ce fil de discussion a commencé par une association d'idées (en partant des mots de CHENOUMI), le dialogue entre Daniela et Jean-Luc me ramène à deux des personnages qui ont le plus compté pour former ce que j'appelle mon sens de la poésie : Charles Baudelaire et Antoine de Saint-Exupéry. Or il se trouve que ce poème de Baudelaire, l’un des plus beaux de la langue française sur la condition du poète, m'a inspiré un sonnet, écrit en manière d’hommage à L’Albatros, intitulé "Les Dauphins", composé sous cette forme car faisant partie d'un recueil formé uniquement de sonnets, auquel répond un deuxième sonnet, intitulé "Le Dauphin", où les références à Saint-Exupéry sont plus qu'évidentes.
Je vous les livre tels quels.
Les Dauphins
« L’ex-voto de bronze offert par le poète* (…) a traversé les siècles, qui représente un homme chevauchant un dauphin… »
Hérodote
Voltigeant dans l’azur puis replongeant dans l’eau
En tourbillons d’embruns giclant sur la voilure
Cris et silhouettes fusant à toute allure
La troupe de dauphins danse autour du bateau
Aspergeant les hommes debout au bastingage
De leurs pirouettes de leurs doux jeux rieurs
Saluant joyeux ces marins venus d’ailleurs
Qui demeurent muets, sourds à si beau langage
Seuls dans ce monde et cet océan de requins
Pour qui des poètes ? ou pourquoi des dauphins ?
Ceux-ci redoublent de bonds et d’acrobaties
Voulant plaire en vain aux voyageurs de la mer
Ceux-là vont à bout de souffle et de prophéties
Sur la terre en exil dans un silence amer !
* Il s’agit d’Arion, poète lyrique et musicien grec du VIIème siècle avant Jésus-Christ, dont Hérodote nous rapporte la légende : de retour à Corinthe après un voyage en Sicile, il fut dépouillé de sa fortune et jeté à la mer par les marins ; mais un dauphin le sauva, charmé par son chant et le son de sa lyre. (Petit Robert des Noms propres)
* * *
Le Dauphin
Ne me laissez pas tellement triste : écrivez-moi vite qu’il est revenu…
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince
Captivé par le chant d’un poète en délire
Un dauphin esseulé qui ondoyait par là
D’un souffle interpellant l’humain barbu et las
Lui dit de se jeter à l’eau, lui et sa lyre
Pour fuir l’île ensemble, centaure merveilleux
Beau corps solidaire entre un homme et sa monture
Qui brave l’océan et défie l’aventure
Les pieds sous la vague et la tête dans les cieux…
Unissant les forces de leur vie solitaire
Ils vainquirent le sort et conquirent la terre
Parcourant le monde et prêchant dans les déserts
Compagnons de fortune* le temps d’un mystère…
Vite, prends-moi la main, Petit Prince des mers
– Utopique dauphin, – mon semblable, – mon frère !
* ou “ d’infortune ”, au choix
Ciao, Jean-Marie
P.S. Ces deux sonnets sont les deux derniers d'un recueil qui en compte 70, intitulé “ L’Île ”. Au cas où ça intéresserait quelqu'un de le lire, il suffit de m'envoyer un message privé à l'adresse [email protected] ▲ Collapse | |
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Traductions, littérature et autres élucubrations :-) | Jul 27, 2003 |
Merci Jean-Marie, une fois de plus ton intervention est salutaire, puisque les échanges entre Jean-Luc et moi sur la "condition terrestre":-) du traducteur étaient finalement un peu ternes et prosaïques, quoique animés au début par les esprits de quelques grands auteurs français.
La légende grecque de l'homme chévauchant un dauphin (qui me remonte en mémoire vaguement, je dois l'avoir entendue très longtemps) et tes beaux vers sur les dauphins - si on tournoie encore dans la sph... See more Merci Jean-Marie, une fois de plus ton intervention est salutaire, puisque les échanges entre Jean-Luc et moi sur la "condition terrestre":-) du traducteur étaient finalement un peu ternes et prosaïques, quoique animés au début par les esprits de quelques grands auteurs français.
La légende grecque de l'homme chévauchant un dauphin (qui me remonte en mémoire vaguement, je dois l'avoir entendue très longtemps) et tes beaux vers sur les dauphins - si on tournoie encore dans la sphère de correspondances et des intertextualités au-delà du texte - m'ont fait repenser à une petite scène (bien visualisée, grâce au film, qui a surtout le mérite rare d'avoir conservé l'essetiel du livre) qui peut facilement passer inaperçue dans "Zorba" de Kazantzaki. Voilà le pouvoir de l'image (du regard de l'acteur, en fait), bien que le livre lu en français, les mots me reviennent en anglais: "What kind of man are you??? You don't even like dolphins!?"(ah, la topique en anglais?!? puis mes phrases tortueuses! clémence…).
Encore un mot pour toi et aussi pour tous ceux qui ont vraiment aimé - à n'importe quel âge - "Le Petit Prince": ça fait pas longtemps que j'ai découvert, dans la section des enfants (!) d'une bibliothèque canadienne un inattendu "(Le) Petit Prince retrouvé". Auteur canadien (?) de littérature pour enfants Jean-Pierre Davidts, écrit en français, je n'ai pas encore réussi de savoir s'il a été traduit en anglais (probablement) ou dans d'autres langues, J'ai été tout éblouie par l'histoire qui ranime le Petit Prince (et ça m'a donné envie de la traduire un jour). Voyons, c'est pas Saint-Exupéry, mais c'est comme une lettre ouverte à ce dernier, marquée d'une décence et d'une discrétion particulières, tout en restant une lecture accesible aux enfants. C'est qu'il faut du courage et du bon sens, n'est-ce pas, pour écrire une suite - tout comme pour traduire - à un tel livre, mais cette histoire-là n'a rien à voir avec l'esprit commercial des saga sans fin genre Harry Potter 1, 2, 3, 4…etc. J'imagine qu'on peut le trouver dans des bibliothèques francophones n'importe où.
Ceci dit, c'est dur de revenir quand même a nos…traductions de tous les jours, qui, le plus souvent, n'ont rien affaire avec la littérature. Peut-être Jean-Luc assumera le rôle de "raisonneur" pour nous ramener sur terre ferme
Ciao
daniela ▲ Collapse | | | Dis Jean-Marie ! dessine-moi un dauphin ! | Jul 27, 2003 |
Daniela
Vraimement, ne nous sous-estimons pas. Je maintiens mon cap...Tenare, tenace.
« Puisque les échanges entre Jean-Luc et moi sur la "condition terrestre":-) du traducteur étaient finalement un peu ternes et prosaïques, quoique... »
« …Peut-être Jean-Luc assumera le rôle de "raisonneur" pour nous ramener sur terre ferme... See more Daniela
Vraimement, ne nous sous-estimons pas. Je maintiens mon cap...Tenare, tenace.
« Puisque les échanges entre Jean-Luc et moi sur la "condition terrestre":-) du traducteur étaient finalement un peu ternes et prosaïques, quoique... »
« …Peut-être Jean-Luc assumera le rôle de "raisonneur" pour nous ramener sur terre ferme"
Ah bon ?! Je jouais ou jouerais le rôle de raisonneur ? Qui l'eut dit ? Je veux bien celui du résonneur et jouer au « gong ». J'avais juste ajouté que l'on peut parler du traducteur - thème initial de ce sujet ouvert par Jean-Marie - hors des contraintes de son métier, comme d'un artiste sous-estimé - un jongleur de mots souvent incompris et méconnu.
Quand un écrivain ou un critique dit : "Des traductions excellentes ...tellement excellentes qu'elles ressemblent à des oeuvres originales", le lecteur, lui, souvent n’a cru voir que la créativité de l'auteur et "méconnaît" le travail et le talent de la traductrice ou du traducteur. Sans oublier que le traducteur est au service de l’oeuvre et de son auteur.
Mais est-ce trop terre-à-terne pour un dimanche ?
Sans chercher terra firma, à tout bout de chant, comme disait sûrement Ulysse, après tout, je sais aussi prendre le grand large, n’oublions pas que comme les mouettes, les dauphins annoncent la terre aux hommes et leur rappellent que c’est l’élément avec lequel ils ne font qu'un. Chez les Grecs, les dauphins, sont aussi des pirates transformés par Dyonisos, qui pour se repentir seraient devenus les amis et guides de l’homme.
Je pense aussi que si l'esprit du poête peut s'envoler avec les oiseaux marins ou filer dans les flots avec les dauphins, sa place est sur terre avec et pour les humains...Terre des hommes.
Moi aussi, l'image du couple solidaire, dauphin/poète, m'a fait penser à la Grèce, à la statue vert-bronze d'un jeune cavalier à califourchon, dans un musée, à Athènes sûrement. La statue du cheval est perdue à jamais, mais le cavalier de bronze est d'une telle légèreté que l'on imagine l'envol possible sur un puissant pur-sang.
Zorba un de mes livres/films préférés – pour plein de raisons, la Grèce et ses îles, pays de mes plus beaux souvenirs et du seul grand ami de mon père.
Zorba, est un homme simple et fruste. Sa rencontre, et le contraste, avec un anglais lettré, qui perd pied sur terre, montre à ce dernier, amoureux de la Grèce, que la poésie et les plus grands poètes peuvent aussi avoir les pieds sur terre. L’anglais qui aime partir dans les cieux et les ondes découvre que chez les « Hellènes », mais pas seulement, la vie, dans toute sa beauté, sa cruauté et sa poésie, est sur terre. Et que, tout terre à terre qu’il soit, Zorba n’en est pas moins poète que lui, sans intertexualité extratextuelle.. Pas si Crétois qu’il en a l’air.
C’est parfois une tentation dangereuse des poètes : vouloir à tout prix quitter la terre. Pourquoi ? Ce désir ou cette tentation de s’éloigner des Hommes, par prétention ou sentiment d’incompréhension. Ce n’est pas forcément ce que le poète a de mieux à faire.
Dessine-moi un mouton
Quelle solitude
De mourir
Sans certitude
D'être au moins
Une particule
De vie
Un point minuscule
Utile à quelqu'un
Quelle solitude
D'ignorer
Ce que les yeux
Ne peuvent pas voir
Le monde adulte
Isolé
Un monde abrupt
Et là, je broie du noir
Dessine-moi un mouton
Le ciel est vide sans imagination
C'est ça
Dessine-moi un mouton
Redevenir l'enfant que nous étions
Dessine-moi un mouton
Le monde est triste sans imagination
C'est ça
Dessine-moi un mouton
Apprivoiser l'absurdité du Monde
Il est à moi ...
Il est à moi ...
Il est à moi ...
Il est à moi ...Le Monde
Quelle solitude
De se dire
Que la morsure
Du temps n'est rien
Le rêve est bulle
De vie
Un bien majuscule
Utile au chagrin
Déconfiture
Des pépins
Mais je veux croire
En l'au-delà
Et vivre est dur
Toujours un choix
Mais je jure
Que le Monde est à moi
[Edited at 2003-07-27 23:26] ▲ Collapse | | | Chapeau! (mais nooon, c'est un serpent boa qui…) | Jul 28, 2003 |
ou "La prosaïque, c'est moi!":-)
Jean-Luc,
loin de moi l'intention de t'accuser de prosaïsme terre-à-terne comme tu le dis, pour mieux me complaire à parler de traductions la tête dans les nuages..Je ne cesse pas de me scandaliser et de clamer mon étonnement, chaque fois qu'il faut se rendre à l'évidence que dans un monde où on ne parle que de globalisation dans l'économie mondiale et non seulement, communication, abolition des frontières virtuelles etc, le métier... See more ou "La prosaïque, c'est moi!":-)
Jean-Luc,
loin de moi l'intention de t'accuser de prosaïsme terre-à-terne comme tu le dis, pour mieux me complaire à parler de traductions la tête dans les nuages..Je ne cesse pas de me scandaliser et de clamer mon étonnement, chaque fois qu'il faut se rendre à l'évidence que dans un monde où on ne parle que de globalisation dans l'économie mondiale et non seulement, communication, abolition des frontières virtuelles etc, le métier de traducteur, au lieu d'être elevé au rang de première importance qui lui reviendrait de droit, est encore un parent pauvre, un "auxiliaire" auquel on ne reconnait presque aucun mérite. Mais, malgré tout ça je suis optimiste, soit-ce parce que je sais que nous sommes, nous, ceux qui construisons des ponts avec les mots (vive la poésie), avec nos divagations quelque peu idéalistes parfois, une force tranquille plus indispensable qu'on ne le croirait.
Content de mon explication? Je me demande (amicalement votre:-)) où trouveras-tu encore la petite bête - juste pour le plaisir de la discussion bien sûr, t'en fais pas!
Pour la part des traductions littéraires - et en suivant l'idée dans l'extrait sur la traduction de Poe que tu prenais en exemple - je trouve que les choses sont bien plus nuancées, et le fait d'être "oublié dans le décor" n'est pas le seul `danger`qui guette le traducteur.. Voilà le cas quand le traducteur est lui-même un créateur. Admettons qu'un grand poète français peut donner des traductions sublimes de Petrarca, mais s'il n'a pas su y mettre en balance avec minutie son talent, qu'il doit maîtriser, avec son propre orgueil (de l'artiste, non pas de l'humain), ce n'est plus du Petrarca qu'on lira, il a trahi (ah traditore!) l'esprit de celui dont il voulait faire connaitre l'oeuvre, il l'a fait sienne et la traduction est devenue un simple prétexte. C'est le cas inverse par rapport à ce que tu disais, le traducteur n'est plus "au service de l’oeuvre et de son auteur". Autre cas, en guise d'exemple, les meilleures traductions des Fleurs…de Baudelaire en roumain ont été faites, à ce que je sais, par un poète. Bien que reconnu à son époque, son nom est demeuré lié, dans sa postérité littéraire, plutôt aux traductions de ces vers célèbres….
Et encore…pour moi raisonneur comme mot en français a une...résonance très romanesque, c'est pour cela que j'ai senti le besoin d'y mettre des guillemets… et moi qui voulais t'offrir l'auréole.d'un personnage Et puis regarde-moi combien qu'il sont sérieux à en pleurer les propos que je suis en train de débiter un dimanche soir!
Quant à la Grèce et à "Zorba" évidemment livre de chevet, lu et relu (mais imagine que serait l'original en grec!?, à propos de traduction), mieux vaut ne pas m'offir l'occasion et la tentation, car je vais en tirer profit pour ne plus en finir avec les histoires et l'admiration. Il y quelques ans j'ai écrit des dizaines de pages sur Kazantzaki, quelle chance de ne plus m'en rappeler grand chose! Pas question de me rafraîchir la mémoire bientôt. Je me contente de sourire en constatant comment les métatextualités paratextuelles e.a.s. etc.:-)sont surprenantes, en traduction libre, combien le monde est petit, car je garde moi aussi un particulier souvenir (malheureusement juste d'après une photo prise par des amis) du petit cavalier grec, verdâtre comme les eaux de la mer dont on l'avait fait émerger après des siècles, si je ne me trompe pas.
Enfin, chapeau pour le final en apothéose lyrique (moi, terrienne que je suis, je manque d'inspiration pour écrire un simple(?) haiku). Mais que c'est difficile de choisir entre le dessin d'un mouton et celui d'un dauphin:-)….(un dimanche soir surtout!)
Ben, allez, salut et commencez une semaine pas trop dingue, prenons-la en douce, ça s'en vient (bizarre réfléchi par analogie avec"s'en aller" que je soupçonne avoir entendu uniquement en français canadien? éclaircissez-moi de l'extérieur, est-ce vrai?!).
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