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French to Portuguese: Le Monde diplomatique General field: Social Sciences Detailed field: Journalism
Source text - French http://www.monde-diplomatique.fr/2006/08/CHIESA/13832
août 2006 - Page 4
Au mépris de l’Europe et du droit
L’archipel des prisons secrètes de la CIA
Le fait que la CIA ait enlevé, avec la complicité de gouvernements européens, des personnes suspectées de terrorisme pour les détenir sans jugement, voire les torturer, suscite de plus en plus de remous. En Italie, deux magistrats viennent d’interroger le chef des services secrets, mêlé à l’enlèvement à Milan d’un imam égyptien. La Pologne et la Roumanie auraient même hébergé des détenus capturés dans de telles conditions.
Par Giulietto Chiesa
Député italien au Parlement européen, membre de la commission d’enquête du Parlement européen sur les prisons secrètes de la CIA ; journaliste, essayiste et président de l’association Megachip pour la démocratisation des médias.
Il y a trois ans, le politologue néo-conservateur américain Robert Kagan a déversé dans les médias européens sa thèse des « deux Occidents » (1) : la « puissante » Amérique et la « faible » Europe. Sans considération pour ses amis de l’Ancien Continent, Kagan a affirmé, dans le registre cassant qu’affectionne la Maison Blanche, que les Européens se trouvaient désormais « hors de l’histoire », trop attachés aux désuètes valeurs « tolérantes » de l’Etat de droit.
Le 11 septembre 2001, date des attentats de New York et de Washington, marque le lancement de la « révolution impériale ». En tant que membre de la commission spéciale d’enquête du Parlement européen sur « la supposée utilisation par la CIA de pays européens pour le transport et la détention illégale de personnes (2) », j’ai entendu répéter, à chaque entretien, que le 11-Septembre imposait des « changements nécessaires » dans les règles du jeu international.
Bref, comme l’affirme M. Dan Fried, sous-secrétaire d’Etat américain chargé des affaires européennes et euro-asiatiques (3), les Etats-Unis « font face à une nouvelle menace », et chacun doit comprendre que « le système légal en place est incompatible avec la nouvelle bataille qu’exige cette guerre ». Cette argumentation, sur des tons plus ou moins différents, a été reprise, devant des parlementaires européens, par M. Richard Durbin, sénateur démocrate de l’Illinois, par M. Arlen Specter, sénateur républicain de Pennsylvanie, ainsi que par le représentant démocrate de Floride, M. Robert Wexler.
En Europe, il est courant d’affirmer que la torture est illégale, injustifiée, et même inutile pour établir la culpabilité d’un accusé. En revanche, le discours public américain, même dans les médias les plus sérieux, a gravement dérapé sur cette question. Des auteurs prestigieux n’ont pas hésité à établir des distinguos, parfois scabreux, entre la « torture tout court », des « degrés de torture », et la torture en « certaines circonstances ».
Des membres du gouvernement des Etats-Unis (dont le vice-président Richard Cheney et le ministre de la défense Donald Rumsfeld) ainsi que des fonctionnaires de tous les niveaux de l’administration Bush ont jugé « inacceptable » l’invocation des droits humains s’agissant de présumés terroristes. Des juristes conservateurs – dont l’actuel ministre de la justice Alberto Gonzáles – ont concocté de nouvelles catégories juridiques, comme celle d’« ennemis combattants », pour dénier aux suspects de complicité de terrorisme l’application des droits garantis par les conventions internationales. Une décision de la Cour suprême du 7 juillet 2006 affirme que l’article 3 des conventions de Genève s’applique au conflit avec Al-Qaida. Le Pentagone s’est incliné devant cette décision.
M. Wexler a réfuté avec véhémence l’objection selon laquelle les extraordinary renditions (« arrestations extraordinaires », c’est-à-dire l’interpellation clandestine, par des agents secrets sans mandat d’arrêt judiciaire, de suspects n’importe où dans le monde, pour les conduire dans des prisons cachées où ils peuvent être soumis à la torture) pourraient être assimilées à un terrorisme d’Etat. « Même si nous faisons des choses illégales, nous a-t-il déclaré, ou si nous faisons du mal – et je sais que parfois il peut s’agir de choses épouvantables – nul ne peut nous placer sur le même plan que les terroristes. »
En somme, Abou Ghraib, la torture, Guantánamo, les extraordinary renditions et les violations des droits humains en Irak ou en Afghanistan ne seraient que de « simples bavures », des « effets collatéraux » secondaires, qui ne doivent pas être sanctionnés dès lors que tout Etat engagé dans la lutte contre le terrorisme aurait le droit de se soustraire au champ d’application des normes juridiques de l’avant-11-Septembre. On est désormais bien au-delà de l’argumentation de Washington qui soustrait les Etats-Unis à la juridiction de la Cour pénale internationale (4).
Dès le 13 novembre 2001, le président Bush a institué, par décret, les tribunaux militaires d’exception (5) qui, selon le juriste Antonio Cassese, « ont fait reculer de cinquante ans la société américaine (6) ». « Mal conseillé par un ministre de la justice qui paniquait, le président s’est octroyé des pouvoirs dictatoriaux (7) », a noté William Safire, un des éditorialistes les plus conservateurs.
Sur la base d’informations détenues par le président des Etats-Unis, des tribunaux militaires d’exception peuvent juger des citoyens étrangers soupçonnés d’avoir participé, ou coopéré, à des actions contre les Etats-Unis, ou ayant gravement porté atteinte à leurs intérêts politiques et économiques. Il n’est pas nécessaire d’étayer de telles accusations par des preuves, voire d’inculper ou d’informer l’accusé. La présence d’un avocat n’est pas obligatoire, l’habeas corpus est suspendu, les procès peuvent être secrets. Les preuves et les aveux obtenus sous la torture, non valables dans les procès habituels, sont ici acceptés. La condamnation à mort peut être prononcée à la majorité des deux tiers (deux juges militaires sur trois), et pas à l’unanimité comme c’est le cas dans les tribunaux de la justice ordinaire. Les membres du jury n’ont plus à faire valoir leur « intime conviction » de la culpabilité de l’accusé, lequel ne dispose d’aucune possibilité de faire appel de leur verdict.
Après la décision de la Cour suprême du 29 juin de déclarer illégaux les tribunaux qui devaient juger les prisonniers de Guantánamo, le gouvernement américain tente de trouver un accord avec le Congrès pour établir un cadre de fonctionnement de ces tribunaux, tout en maintenant leur caractère d’exception.
L’existence de prisons secrètes hors d’Europe (Afghanistan, Syrie, Maroc, Egypte, etc.) est connue, ainsi que celle d’autres lieux de détention, dans des endroits encore ignorés, où demeurent incarcérés depuis 2003, par exemple, MM. Khaled Cheikh Mohammed et Ramzi Ben Al-Shaiba, deux des présumés organisateurs (qui auraient avoué, selon des informations exfiltrées par la CIA) du 11-Septembre. Jamais jugés, jamais réapparus, sont-ils encore en vie ?
Le 4 octobre 2001, l’ancien secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), Lord Robertson, a rendu publique la demande de l’ambassadeur extraordinaire des Etats-Unis à Bruxelles – M. Frank Taylor – d’appliquer l’article 5 du traité de l’Alliance atlantique (8). Un traité renouvelé lors des célébrations du cinquantième anniversaire de l’OTAN à Washington – en 1999, en pleine guerre contre la Yougoslavie – et qui faisait de l’OTAN, alliance défensive, une alliance « préventive » dont la zone d’intervention était élargie à toute la planète.
Plus « américains » que les Américains
L’ampleur des obligations européennes d’assistance aux Etats-Unis dans leur lutte contre le terrorisme, telles qu’elles ont été acceptées par les pays membres de l’OTAN, est énorme. Entre autres, on note l’engagement à « renforcer l’échange d’informations, soit bilatéralement, soit au niveau des structures compétentes de l’OTAN » ; « l’octroi de moyens alliés nécessaires pour soutenir directement les opérations contre le terrorisme » ; « l’autorisation de survol pour les avions militaires des Etats-Unis et des pays alliés opérant contre le terrorisme » ; la permission « aux Etats-Unis et à leurs alliés d’accéder aux ports et aux aéroports des pays de l’OTAN pour des opérations de lutte contre le terrorisme, notamment pour le ravitaillement en carburant, conformément aux procédures nationales (9) ».
Certes, les engagements au sein de l’OTAN n’autorisaient pas les violations, par Washington et les services secrets américains, des droits humains et des lois internationales. Mais, d’après le rapport de M. Dick Marty, président de la commission des questions juridiques et des droits de l’homme de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, de nombreux Etats de l’Union « n’ont pas été victimes de machinations américaines », puisqu’ils y auraient « participé volontairement » à différents degrés.
Voilà pourquoi, sous différents prétextes, les gouvernements et les autorités européennes entendus par la commission ont, pour certains, refusé de collaborer à l’enquête, pour d’autres, nié ou opposé des démentis peu crédibles. C’est le cas, notamment, des gouvernements de Pologne et de Roumanie, deux Etats très fortement soupçonnés d’héberger ou d’avoir hébergé, dans des prisons secrètes, des détenus enlevés clandestinement par la CIA dans diverses régions du monde. Les adversaires de l’enquête, en particulier une partie de la droite du Parlement européen, députés polonais, baltes, britanniques et allemands en tête, ont affirmé que les deux commissions d’enquête (celle du Conseil de l’Europe et celle du Parlement européen) n’avaient pas établi la culpabilité de gouvernements européens (ou d’autres niveaux de l’administration). Certains ont même remercié Washington pour sa « grande contribution à la sécurité ».
Ces thèses, qui montrent qu’il y a en Europe des députés plus « américains » que les Américains, ont toutefois été repoussées par la commission du Parlement européen. Une majorité de 25 voix (socialistes, libéraux démocrates et Verts) contre 14, et 7 abstentions, s’est prononcée en faveur de la poursuite de l’investigation.
Le travail d’enquête est allé au-delà des suppositions et des indices. Il existe désormais une documentation précise sur les mille quatre-vingts vols de la CIA ayant fait escale dans des aéroports européens entre le 11 septembre 2001 et la fin de 2005. Preuve est faite que quatorze pays – dont l’Allemagne, la Suède, l’Italie, la Belgique, l’Espagne – ont accueilli des renditions illégales. Deux autres Etats membres de l’Union européenne, la Pologne et la Roumanie, ont « hébergé », pendant une période qui reste à déterminer, de véritables lieux de détention temporaire et illégale de terroristes présumés. Il s’agit là de violations de l’article 6 du traité de l’Union, ainsi que de la Convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
La preuve de trente à cinquante enlèvements et des renditions qui ont suivi a été établie. Dans un seul cas, la magistrature (italienne) a réalisé une enquête complète, repérant et inculpant vingt-deux agents de la CIA intervenus à Milan dans l’enlèvement de l’imam Abou Omar, transféré dans une prison égytienne où il a été torturé. L’un des chefs de l’espionnage italien, M. Marco Mancini, a été arrêté le 5 juillet pour avoir « coopéré » à cet enlèvement (10).
Des témoignages des victimes d’enlèvements ou de tortures, mais aussi de leurs avocats, et de nombreux représentants d’organisations non gouvernementales (ONG), sans oublier quelques hauts fonctionnaires (américains et européens) ont permis de rompre l’omerta. C’est ainsi qu’ont pu être connus les cas de deux citoyens égyptiens, M. Mohammed Al-Zary et M. Ahmed Agiza, arrêtés en Suède et transférés en Egypte ; de M. Maher Arar, citoyen canadien arrêté à New York et envoyé à Amman (Jordanie), via l’aéroport de Rome-Ciampino, puis torturé pendant plus de dix mois dans une prison syrienne ; du citoyen allemand d’origine libanaise, M. Khaled Al-Masri, enlevé en Macédoine et transféré en Afghanistan où il a été torturé lui aussi.
Les exemples de ce type sont nombreux et les recherches se poursuivent. Une chose est sûre : plusieurs gouvernements européens ont agi à l’insu de leurs citoyens, comme des supplétifs de Washington, ou comme des Etats satellites. Nous voilà ainsi revenus, par une curieuse pirouette de l’histoire, à l’époque de la « souveraineté limitée » chère au Soviétique Leonid Brejnev – mais cette fois imposée par l’Américain George W. Bush...
(1) Robert Kagan, La Puissance et la Faiblesse. L’Europe et les Etats-Unis ont-ils encore un avenir commun ? Plon, Paris, 2003.
(2) Commission instituée par le vote du 15 décembre 2005.
(3) Rencontré à Washington au département d’Etat, le 11 mai 2006.
(4) Créée le 18 juillet 1998 et entrée en fonction le 1er juillet 2002, la Cour pénale internationale (CPI), première juridiction universelle et permanente, a vocation à juger des individus accusés des crimes internationaux les plus graves (crimes de guerre, crimes contre l’humanité). Les Etats-Unis (comme la Chine ou Israël) ont refusé de ratifier le statut de la CPI et s’opposent à ce que ses ressortissants soient jugés par celle-ci.
(5) Lire, par exemple, Ignacio Ramonet, « Adieu libertés », Le Monde diplomatique, janvier 2002.
(6) La Repubblica, Rome, 21 novembre 2001.
(7) The New York Times, 16 novembre 2001.
(8) « Les parties conviennent qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties (...) et en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d’elles (...) assistera la partie ou les parties ainsi attaquées (...). »
(9) « Statement to the Press by NATO Secretary General, Lord Robertson », 4 octobre 2001.
(10) Cf. International Herald Tribune, Paris, 11 juillet 2006
http://www.monde-diplomatique.fr/2006/08/CHIESA/13832 - août 2006
Translation - Portuguese http://diplo.uol.com.br/2006-09,a1399
setembro 2006
DOSSIÊ “GUERRA INFINITA” / NOVO GULAG?
O arquipélago de prisões secretas da CIA
Uma comissão do Parlamento Europeu começa a levantar o manto de sigilo que encobre
os "centros de detenção extraordinária dos EUA". Complementos da leis de exceção
baixadas após o 11 de Setembro, eles podem estar associados a seqüestros, tortura e
execuções
Giulietto Chiesa
Há três anos, Robert Kagan, politólogo neoconservador norte-americano, apresentou na
mídia européia sua tese sobre "dois Ocidentes" [1]: a "poderosa" América do Norte e a
"fraca" Europa. Sem consideração pelos seus amigos do Velho Continente, Kagan
afirmou, em um tom de desprezo muito popular entre os "neoconservadores", que os
europeus se encontravam doravante "fora da história", muito presos aos obsoletos valores
"tolerantes" do Estado de Direito.
O 11 de setembro, data dos atentados de Nova Iorque e Washington, marca o antes e
depois da "revolução imperialista". Como membro da Comissão Especial de Inquérito do
Parlamento Europeu sobre "a suposta utilização pela CIA de países europeus para
transporte e detenção ilegal de pessoas" [2], ouvi repetidas vezes, em cada entrevista, que
o 11 de setembro impunha "mudanças necessárias" nas regras do jogo internacional.
Como afirma Dan Fried, assistente do secretário de Estado norte-americano para assuntos
europeus e da Eurásia, os Estados Unidos "enfrentam uma nova ameaça" e cada um deve
compreender que "o sistema legal atual é incompatível com a nova batalha que exige esta
guerra" [3]. Esta argumentação, em tons mais ou menos diferenciados, foi retomada
diante dos parlamentares europeus por Richard Durbin, senador democrata de Illinois,
Arlen Specter, senador republicano da Pensilvânia, assim como pelo representante
democrata da Flórida, Robert Wexler.
Na Europa é comum afirmar que a tortura é ilegal, injustificada e mesmo inútil para
confirmar a culpabilidade de um acusado. Em compensação, o discurso público norteamericano,
mesmo na mídia mais séria, cometeu graves deslizes concernentes a esta
questão. Autores prestigiados não hesitaram em estabelecer distinções, às vezes
escabrosas, entre "a tortura simplesmente", "graus de tortura", e a tortura em "certas
circunstâncias".
Membros do governo dos Estados Unidos (o vice-presidente Richard Cheney e o
secretário da Defesa Donald Rumsfeld) e funcionários de todos os níveis do governo
Bush julgaram "inaceitável" a invocação dos Direitos Humanos em se tratando de
supostos terroristas. Juristas conservadores como o atual secretário da Justiça, Alberto
González, elaboraram novas categorias jurídicas, como a de "inimigos combatentes", para
negar aos suspeitos de cumplicidade com o terrorismo a aplicação dos direitos garantidos
pelas convenções internacionais. Segundo John Billinger, conselheiro jurídico de
Condoleeza Rice, a Convenção de Genebra para os prisioneiros de guerra é uma lex
specialis, ou seja, uma "anomalia", uma "exceção" que não pode ser mais aplicada desde
o 11 de setembro.
“Deixai aqui todos os direitos e garantias”
Wexler refutou com veemência a objeção, segundo a qual as extraordinary renditions
("detenções extraordinárias", ou seja, interpelação clandestina, executada por agentes
secretos sem mandado de detenção judiciária, de suspeitos de qualquer lugar do mundo,
para levá-los a prisões secretas onde podem ser submetidos a tortura) poderiam ser
consideradas como um terrorismo de Estado. Conforme Wexler, "Ainda que façamos
coisas ilegais ou prejudiquemos alguém – e sei que às vezes se trata de coisas execráveis
- ninguém pode nos pôr no mesmo nível dos terroristas."
Em suma, Abu Ghraib, a tortura, Guantánamo, as extraordinary renditions e a violação
dos direitos humanos no Iraque ou no Afeganistão, seriam simples "efeitos colaterais"
secundários. Não devem ser punidos, já que o Estado, inteiramente empenhado na luta
contra o terrorismo, tem o direito de se subtrair ao campo de aplicação das normas
jurídicas anterior ao 11 de setembro. A partir de agora, estamos bem além da
argumentação de Washington, que deixa os Estados Unidos de fora da jurisdição da Corte
Penal Internacional. [4]
O presidente Bush instituiu, a partir de 13 de novembro de 2001, mediante decreto,
tribunais militares extraordinários [5] que, segundo o jurista António Cassese, "fizeram a
sociedade norte-americana retroceder 50 anos". [6] "Mal-aconselhado por um ministro da
Justiça em pânico, o presidente delegou-se poderes ditatoriais" [7], observou William
Safire, um dos editorialistas mais conservadores dos EUA.
Com base em informações detidas pelo presidente dos Estados Unidos, tribunais militares
extraordinários podem julgar cidadãos estrangeiros suspeitos de haver participado de
ações contra o Estado norte-americano ou cooperado com estas, como também de ter
prejudicado gravemente seus interesses políticos e econômicos. Não é necessário
sustentar tais acusações mediante provas e mesmo inculpar ou informar o acusado. A
presença de um advogado não é obrigatória; o habeas corpus foi suspenso; e os processos
podem ser realizados secretamente. As provas e confissões obtidas sob tortura, sem
validade nos processos habituais, são aceitas aqui. A condenação à morte pode ser
pronunciada por maioria de dois terços (dois juízes militares entre três), e não por
unanimidade, como é o caso nos tribunais de justiça ordinária. Eles não têm mais de fazer
valer sua "convicção íntima" da culpabilidade do acusado, que não dispõe de nenhuma
possibilidade de interpor recurso judicial ao veredito.
Na base naval de Guantánamo funciona uma comissão militar deste tipo. Não sabemos se
existem outras e onde, porque o procedimento é rigorosamente secreto. No momento da
promulgação do decreto do presidente Bush, alguns protestos desencadearam vagas
promessas de modificação, porém o decreto jamais foi retirado. [8]
Prisões secretas na Polônia e Romênia
A existência de prisões secretas fora da Europa (Afeganistão, Síria, Marrocos, Egito, etc.)
é conhecida, assim como a de outros centros de detenção em lugares ainda
desconhecidos. Lá continuam encarcerados, desde 2003, por exemplo, Khaled Cheikh
Mohammed e Ramzi Binalchibh. Ambos, supostos organizadores (confessos, segundo
informações vazadas pela CIA) do 11 de setembro. Nunca foram julgados, nunca
reapareceram. Ainda estarão vivos?
Em 4 de outubro de 2001, Lord Robertson, antigo secretário-geral da Organização do
Tratado do Atlântico Norte (OTAN), tornou pública a solicitação do embaixador
extraordinário dos Estados Unidos em Bruxelas, Franck Taylor, para aplicar o artigo 5 do
Tratado da Aliança Atlântica [9]. Um tratado renovado durante as celebrações do
quinquagésimo aniversário da OTAN em Washington, em1999, em plena guerra contra a
Iugoslávia. Ele converte a OTAN, aliança defensiva, em uma aliança "preventiva" cuja
zona de intervenção se estende a todo o planeta.
A amplitude das obrigações européias de assistência aos Estados Unidos em sua luta
contra o terrorismo, tais como haviam sido aceitas pelos países membros da OTAN, é
enorme. Entre outras, observa-se o empenho em "reforçar a troca de informações, seja
bilateralmente, seja ao nível das estruturas competentes da OTAN"; "concessão de meios
necessários para sustentar diretamente operações contra o terrorismo"; "autorização de
sobrevôo para aviões militares dos Estados Unidos e países aliados operando contra o
terrorismo"; a permissão "aos Estados Unidos e seus aliados de aceder aos portos e
aeroportos dos países da OTAN para operações de luta contra o terrorismo,
especialmente para o abastecimento de combustível, em conformidade com os
procedimentos nacionais" [10].
É certo que as obrigações no centro da OTAN não autorizam violações, por Washington
e pelos serviços secretos norte-americanos, dos direitos humanos e das leis
internacionais. Mas segundo o relatório de Dick Marty, presidente da Comissão de
Questões Jurídicas e dos Direitos Humanos da Assembléia Parlamentar do Conselho
Europeu, inúmeros Estados da União Européia "não foram vítimas de maquinações
americanas", visto que eles teriam "participado voluntariamente" em diferentes níveis.
Eis o motivo pelo qual, sob diferentes pretextos, os governos e as autoridades européias
ouvidos pela Comissão, até o presente recusaram-se a colaborar com a investigação, seja
negando ou apresentando desmentidos de pouca credibilidade. É o caso, particularmente,
dos governos da Polônia e da Romênia, dois Estados bastante suspeitos de manter ou ter
mantido, em prisões secretas, prisioneiros capturados clandestinamente pela CIA, em
diversas regiões do mundo.
Os adversários da investigação, especialmente uma parte da direita do Parlamento
Europeu, deputados poloneses, bálticos, britânicos e alemães, afirmaram que as duas
comissões de inquérito (a do Conselho da Europa e a do Parlamento Europeu) não
haviam confirmado a culpabilidade dos governos europeus (ou de outros níveis da
administração). Alguns chegaram mesmo a agradecer aos Estados Unidos pela sua
"grande contribuição à segurança".
Casos documentados de seqüestros e torturas
As teses que mostram que há na Europa deputados mais norte-americanos que os norteamericanos
foram rechaçadas pela Comissão do Parlamento Europeu. Uma maioria de 25
votos (socialistas, liberais democratas e verdes) contra 14, e 7 abstenções, pronunciou-se
a favor do prosseguimento das investigações.
O trabalho de investigação ultrapassou as suposições e os indícios. Existe, a partir de
agora, uma documentação precisa sobre os 1080 vôos da CIA, com escala em aeroportos
europeus, entre 11 de setembro de 2001 e final de 2005. Está provado que 14 países -
entre eles, Alemanha, Suécia, Itália, Bélgica e Espanha - acolheram detenções ilegais.
Dois outros membros da União Européia, Polônia e Romênia, mantiveram verdadeiros
centros de detenção temporária e ilegal de supostos terroristas, durante um período que
não foi ainda determinado. Trata-se aqui de violações do artigo 6º do Tratado da União
Européia, assim como da Convenção Européia dos Direitos Humanos e das Liberdades
Fundamentais.
A prova de 30 a 50 seqüestros e detenções que se seguiram foi confirmada. Apenas em
um caso, a magistratura (italiana) realizou um inquérito completo, localizando e
inculpando 22 agentes da CIA que operaram em Milão, no seqüestro do Imã Abu Omar,
transferido para uma prisão egípcia, onde foi torturado. Um dos chefes de espionagem
italiana, Marco Mancini, foi detido no último 5 de julho por ter "cooperado" com este
seqüestro.
Testemunhas dos detidos e torturados, advogados, numerosos representantes de
organizações não-governamentais (ONGs) e alguns funcionários de alto escalão (norteamericanos
e europeus) permitiram romper o sigilo. Foi assim que se pôde conhecer o
caso da deportação de dois cidadãos egípcios, Mahammed Al Zary e Amed Giza, detidos
na Suécia e transferidos para o Egito; de Maher Arar, cidadão canadense preso em Nova
Iorque e enviado para Amã (Jordânia) pelo aeroporto de Roma-Ciampino, depois
torturado durante mais de dez meses em uma prisão síria; do cidadão alemão de origem
libanesa, Khaled el Masri, detido na Macedônia e transferido para o Afeganistão, onde
também foi torturado.
Exemplos deste tipo são numerosos e as investigações continuam. Uma coisa é certa:
vários governos europeus agiram, sem que seus cidadãos soubessem, como colônia norteamericana,
ou como Estados-satélites. Eis que retornamos, por um curiosa pirueta da
história, à época da "soberania limitada", cara ao soviético Leonid Brejnev - mas desta
vez imposta pelo norte-americano George W. Bush...
Tradução: Simone Pereira Gonçalves [email protected]
[1] Robert Kagan, La Puissance et la faiblesse, Plon, Paris, 2003.
[2] Comissão instituída pelo voto de 15 de dezembro de 2005.
[3] Encontro com o assistente do secretário de Estado norte-americano para assuntos
europeus e da Eurásia, em 11/05/2006, no Departamento de Estado em Washington.
[4] Criada em 18 de julho de 1998 e em função desde 1o. de julho de 2002, a Corte Penal
Internacional é a primeira jurisdição universal e permanente com vocação para julgar
indivíduos acusados dos mais graves crimes internacionais (crimes de guerra, crimes
contra a humanidade). Os Estados Unidos (como a China e Israel) se recusaram a ratificar
o estatuto da CPI, opondo-se ao julgamento, por esta corte, de cidadãos sob sua
autoridade.
[5] Ler, por exemplo, Ignacio Ramonet, "Adeus às Liberdades", Le Monde Diplomatique-
Brasil, janeiro de 2002.
[6] La Repubblica, Roma, 21 de novembro de 2001.
[7] William Safire, The New York Times, 16 de novembro de 2001.
[8] Conforme Barbara Olshansky, diretora de Guantanamo Global Justice Initiative,
Deputy Legal Director of the Center for Constitutional Rights, durante a audiência
concedida à delegação parlamentar européia, em 9 de maio de 2006, em Washington.
[9] "As partes convêm que um ataque armado contra uma ou mais entre elas, sobrevindo
à Europa ou à América do Norte, será considerado como um ataque dirigido contra todas
as partes (...) e conseqüentemente elas convêm que, se houver tal ataque, cada uma das
partes assistirá à parte ou partes atacadas (...).”
[10] Link.
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Years of experience: 25. Registered at ProZ.com: Nov 2009.
German to Portuguese (Bundesverband der Dolmetscher und Übersetzer) German to Portuguese (German Courts) French to Portuguese (Bundesverband der Dolmetscher und Übersetzer) French to Portuguese (German Courts) Portuguese to German (Bundesverband der Dolmetscher und Übersetzer)
Simone Pereira Gonçalves
Geboren in Campo Grande/ Mato Grosso do Sul, Brasilien
Diplom Übersetzerin
Für die Berliner Gerichte und Notare
allgemein beeidigte Dolmetscherin und ermächtigte Übersetzerin für Portugiesisch und Französisch
Seit 2012 Fachprüferin für die Staatliche Übersetzerprüfung im Auftrag der Senatsverwaltung für Bildung, Jugend und Wissenschaft, Staatliches Prüfungsamt für Übersetzer Berlin
Fortbildung als Untertitlerin von Spiel- und Dokumentarfilmen (2009)
Beeidigung (2004)
Studium der Übersetzung mit der Sprachkombination Portugiesisch
und Französisch an der Humboldt-Universität zu Berlin
(Abschluss 2003)
Studium der Philosophie an der Universidade Federal do Paraná,
Curitiba-PR, Brasilien (Abschluss 1990)
Seit 2006 Mitglied des Bundesverbandes der
Dolmetscher und Übersetzer e.V. (BDÜ)
2005-2007 Übersetzerin für die brasilianische Ausgabe der Zeitung
Le Monde diplomatique
Seit 2004 freiberufliche Übersetzerin
2004-2009 Angestellte in der Brasilianischen Botschaft in
Berlin – Politikabteilung
WS 2002/ 2003 – WS 2008/ 2009 Lehrauftrag Fachübersetzen
Deutsch- Portugiesisch an der Humboldt Universität Berlin
WS 2001/2002 Lektorin an der Freien Universität Berlin